La crise sanitaire actuelle souligne avec acuité nombre de problématiques liées à l’écologie et déjà beaucoup de questions se posent sur le monde d’après l’épidémie. J’insiste sur la dimension universelle du drame qui se joue et sur le fait que les plus pauvres en sont les premières victimes, loin de nos préoccupations occidentales: « je pense aussi énormément aux populations africaines, à l’Inde, aux populations amérindiennes qui ont un déficit immunitaire par rapport à nous, une incapacité génétique à se défendre contre ce type de virus, à toutes ces populations pauvres qui ne peuvent pas se confiner parce qu’elles ont besoin de se nourrir, d’aller chercher de l’eau, qui vivent parfois dans des bidonvilles serrés les uns contre les autres. Je suis consciente de toutes les souffrances que nous vivons au quotidien, mais je pense qu’elles sans commune mesure avec ce que vivent les populations des pays les plus pauvres ».
Certains espèrent un retour à la normale, aussi rapide que possible et l’on peut évidemment comprendre les inquiétudes des acteurs économiques. Mais que veut dire retour à la normale ? Peut-on se permettre de tout recommencer comme avant ? N’avons-nous pas le devoir collectif de nous demander ce qui, dans le monde d’avant, a contribué à la situation actuelle et d’en tirer les enseignements ? Le bouleversement en cours n’est-il pas une formidable occasion de repenser notre monde et de prendre enfin acte de manière concrète de la nécessité de changer pour faire que notre planète reste habitable et que nous les humains ayons encore un avenir ?
Nous ne pouvons plus attendre et un changement profond de nos modes de vie et des règles de nos sociétés s’impose: « Une zoonose, c’est-à-dire une maladie qui se transmet d’un animal sauvage vertébré à un humain ne peut se transmettre que quand les humains sont trop proches des espaces sauvages. La déforestation y contribue, tout comme l’urbanisation galopante, la concentration d’humains au même endroit trop près des espaces naturels, le braconnage et le fait de se nourrir de viande d’animaux sauvages. Ce qui s’est passé en Chine peut se passer demain en Amazonie et cette pandémie n’est probablement qu’une des premières que nous allons vivre. J’ai vu des rapports de l’armée américaine qui se prépare depuis plus de 20 ans à ce type de pandémie et elle n’est donc que le symptôme des pressions que nous exerçons sur les écosystèmes du monde depuis trop longtemps. Elle n’est qu’un révélateur de l’écocide en cours et elle nous oblige donc à nous poser les bonnes questions et à penser le monde d’après. »
Comment agir? Le droit est outil précieux. Présidente d’honneur de Notre affaire à tous, je suis très engagée dans un plaidoyer pour la reconnaissance du crime d’écocide car le droit est un outil incontournable pour relever le défi écologique.
by admin with no comments yetEt si, pour la première fois en Europe, un fleuve avait la possibilité de s’exprimer et de défendre ses intérêts à travers un système inédit de représentation ?
C’est la question posée autour d’un processus constituant très sérieux pour la création d’un Parlement de Loire dont les prochaines auditions sont prévues le 21 mars à Orléans.
Ce projet est porté par le POLAU-pôle arts & urbanisme et plusieurs partenaires institutionnels de la Région Centre-Val de Loire, (Mission Val de Loire, CICLIC, COAL, Établissement public Loire, CGET). Il vise à donner une voix à l’écosystème fluvial de la Loire mais au-delà, à définir les formes et fonctionnements d’un parlement pour cette nouvelle entité non-humaine. Le processus constituant tente d’imaginer comment la faune, la flore, les bancs de sable, les masses d’eau et l’ensemble des composantes de la Loire, matériels et immatériels, pourraient être représentés. Pour cela, sont auditionnés depuis octobre dernier, des professionnels (philosophes, anthropologues, écologues, biologistes, juristes) et des usagers de la Loire. A terme, ce projet expérimental espère démontrer que pour la première fois en Europe, une entité non-humaine pourrait devenir sujet de droit. Une telle décision emboiterait le pas de celles déjà prises sur tous les autres continents du monde où des écosystèmes, des espèces animales ou végétales se sont vus dotés de la « personnalité juridique », en Amérique du Sud, en Amérique du Nord, dans le Pacifique, en Asie du Sud ou en Afrique. Cette révolution juridique est à l’œuvre car elle permet de répondre aux défis écologique et climatique, elle permet de protéger la nature et les plus vulnérables d’entre nous de la prédation industrielle des plus riches et de ses effets dévastateurs.
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Des droits pour la Nature ?
Musée des Confluences
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Tables Rondes sur les cas de reconnaissance des droits de la nature dans le Monde
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Intervention sur le Code de l’Environnement des Îles Loyauté – Nouvelle-Calédonie
Déclaration de la décennie des Droits de la Nature
2018-2028
Cette déclaration a été adoptée à la suite du Symposium organisé par l’Alliance Globale pour les droits de la Nature du 27 au 29 septembre 2018.
Nous, les militants, les universitaires, les avocats et les membres du pouvoir judiciaire, les nombreux et divers Peuples Autochtones et autres peuples de la Terre, membres du Mouvement Global pour les droits de la Nature, de la Terre nourricière, de la Pachamama, réunis à Quito le 27 et le 28 septembre 2018, dix ans après la reconnaissance de ces droits par leur intégration dans la Constitution de l’Équateur, réunis à cette occasion au Symposium pour assumer l’engagement de créer une Déclaration de principe pour le soin de la Terre Mère transmise aux générations futures, nous sommes :
PRÉOCCUPÉS par la domination, la manipulation, la privatisation et la subordination de la Terre Mère aux êtres humains et à leurs systèmes hégémoniques d’accumulation, qui considèrent la Terre et ses processus naturels comme des ressources naturelles illimitées à s’approprier et à exploiter ;
SACHANT que l’anthropocentrisme avec lequel la Nature est comprise nous a menés à une crise écologique, qui dévaste la vie sur la planète et qui se manifeste par la détérioration des écosystèmes naturels, le changement climatique, les extinctions en masse d’espèces animales et végétales, la contamination des océans et des sources d’eau, la perturbation du cycle mondial de l’eau, les inégalités sociales, la faim, l’insécurité alimentaire, les crises énergétiques, et par ce qu’on appelle l’anthropocène ;
CONSCIENTS que les êtres humains sont une parmi les nombreuses espèces terrestres, que nous devons déconstruire et décoloniser notre esprit afin de changer notre comportement, que nous dépendons de la Terre Mère pour notre survie et que nous avons le devoir de prendre soin d’elle pour le bien des peuples, des autres espèces et de la Terre Mère elle-même ;
INSPIRÉS par les défis des mouvements et des peuples qui demandent la reconnaissance et le respect des droits de la Terre Mère, par les avancées juridiques dans le monde, par exemple : la rivière Vilcabamba et le Rio Blanco en Équateur ; la rivière Atrato et la forêt amazonienne en Colombie ; le Rio Doce au Brésil ; les rivières Yumana et Gange en Inde ; la rivière Whanganui et le parc national Te Urewera en Nouvelle-Zélande ; parmi tant d’autres : la Constitution de Mexico City, les ordonnances municipales des États-Unis, de l’Argentine, du Brésil et les lois telles celles de Bolivie, les déclarations des parlements autochtones tels que la nation Sami et la nation Ponca et dans le travail du Tribunal International des droits de la Nature lui-même, dont les avancées ne peuvent être renversées selon le principe de non-régression reconnu au niveau régional et international ;
NOUS RÉAFFIRMONS notre reconnaissance et notre engagement envers les droits de la Nature ainsi que notre respect du concept ancestral de Terre Mère et de l’Univers qui nous a créé ;
NOUS RECONNAISSONS le besoin d’un changement de paradigme, pour passer de l’anthropocentrisme à l’écocentrisme comme moyen de comprendre et d’appliquer la loi ;
NOUS RECONNAISSONS le besoin d’apprendre du savoir ancestral de toutes les cultures et des peuples, particulièrement des peuples et nations premières, d’avoir une cosmologie spirituelle et holistique de la vie, et d’établir une relation balancée et harmonieuse avec notre Terre Mère et notre Ciel Père ;
NOUS APPELONS à une vie pleine et digne de tous les êtres vivants qui habitent la Terre Mère et
NOUS DÉCLARONS :
1. Notre reconnaissance des droits de la Nature, de notre Terre Mère ou Pachamama, tels que reconnus dans la Constitution de l’Équateur en 2008, dans la Déclaration Universelle des droits de la Terre Mère en Bolivie en 2010, dans la Charte de la Terre des Nations Unies, et d’autres droits dérivés des droits de la Nature, de la démocratie de la Terre et de toutes les formes de vie sur la planète, incluant les êtres humains, qui doivent être reconnus et protégés par les Etats.
2. Les éléments naturels de l’eau, l’air et le sol, et tous les êtres et les formes de vie qui appartiennent à la communauté de la Terre, en sont les sujets légaux et ont le droit de vivre, de remplir leurs rôles dans les procédés de renouvellement éternel de cette communauté, de co-évoluer, d’avoir la reconnaissance complète de leur personnalité et leur conscience et de protéger leur existence dans la diversité.
3. Nous défendons le sacré, nous nous opposons et devons stopper la privatisation, la marchandisation, l’achat et la vente de l’air, des arbres, des sols, du carbone, des usines de méthane, des graines, de l’eau, de la biodiversité et de toutes les formes et cycles de vie car cela viole les droits de la Nature.
4. Les objectifs politiques, économiques et sociaux des êtres humains doivent être subordonnées aux cycles et aux lois de la vie qui émanent des systèmes naturels. Nous réitérons la priorité urgente d’un changement de paradigme dans le modèle de développement actuel.
5. Les activités humaines d’extraction, de prédation, de matérialisation, d’objectification et de marchandisation, c’est-à-dire le capitalisme, qui altèrent la balance, menacent et détruisent les vies des autres êtres et altèrent les cycles de vie de la nature, tels la déforestation, les mines, l’extraction de pétrole, les monocultures forestières, les barrages, les OGM, la financiarisation de la Nature, les marchés de carbone, la compensation carbone et la géo-ingénierie, qui constituent une sérieuse violation des droits de la Nature, doivent être rapidement stoppés.
6. Les droits de l’Homme doivent être en harmonie avec les droits de la Nature, et vice versa. Les droits de l’Homme ne peuvent être complètement appliqués que si les droits de la Nature sont complètement appliqués, et vice-versa. La promotion et la protection des droits de la Nature va encourager la dignité des personnes, des peuples et l’harmonie des êtres humains avec la Terre Mère.
7. Les activités nécessaires à la survie des espèces humaines doivent être entreprises d’une manière qui maintient les systèmes collectifs de vie et la capacité de la Terre Mère à se régénérer, et qui avance la construction de sociétés bio centrées, basées sur une juste transition de l’extractivisme et du capitalisme.
8. Les personnes, les organisations et les groupes ont une obligation de se soucier, de répandre et de se battre pour l’application des droits de la Terre Mère, de renforcer l’organisation sociale et la participation collective. Les défenseurs et les gardiens de la Terre Mère ont le droit à une protection spéciale et au respect pour leurs activités de défense.
9. Nous nous joignons à la demande de construction d’une nouvelle relation entre l’humanité et les bactéries, qui va au-delà de la métaphore de guerre et de l’usage incriminant des antibiotiques, et de reconnaissance des bactéries comme partie de ce que sont les êtres vivants et comme inventrices de la vie sur Terre et de sa survie. Puisque ces créatures invisibles sont le coeur écologique de la Terre Mère, nous devons les reconnaître comme sujets légaux, avec des droits.
10. Les États doivent reconnaître les droits de la Nature dans leurs systèmes légaux et garantir leur application effective au travers de lois et de politiques publiques, et doivent en particulier promouvoir l’établissement d’une Cour internationale calquée sur le Tribunal International des droits de la Nature, pour sanctionner les dommages sérieux et systématiques à la Terre Mère, et doivent encourager l’adoption par les Nations Unies d’une Déclaration Universelle des Droits de la Terre Mère.
De même, les États doivent coopérer pour appliquer les droits de la Nature, qui vont renforcer l’application des droits de l’Homme.
11. Les États, la société civile, les Peuples Autochtones, les organisations, les communautés et les personnes doivent encourager la dissémination des droits de la Nature dans leurs systèmes éducatifs, particulièrement dans les programmes d’enseignement de base ou primaire.
12. Nous sommes résolus à déclarer la Décennie des Droits de la Nature (2018 – 2028), une période cruciale dans l’histoire au cours de laquelle l’humanité fera face à des décisions clés pour garantir sa survie, rectifiant les décisions politiques et pratiques économiques qui, dans les derniers siècles, ont mené à une détérioration de la qualité environnementale de la planète. Cette Déclaration de la Décennie des Droits de la Nature doit être acceptée et encouragée par les États et spécialement par les Nations Unies afin d’élever notre niveau de conscience et de retrouver du sens dans la vie.
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sur Lyon :
– Jeudi 8 novembre au Musée des Confluences à Lyon à 19h autour de la question des droits de la nature. http://m.museedesconfluences.fr/fr/evenements/des-droits-pour-la-nature
M’Hamid au Maroc :
– Jeudi 25 – Dimanche 28 octobre au Festival Taragalte autour de L’Eau et des droits de la nature.
– Samedi 6 octobre à l’IRIS, 2 bis rue Mercoeur, 11e, à 11h à la Convention: Géopolitique et réchauffement clmatique.
– Dimanche 7 octobre à 9 h à la Maison de la Radio, studio 104, à l’événement Dialogues avec l’animal : https://www.dialoguesaveclanimal.org
– Mardi 9 octobre à 19h au Consulat, 2 Rue Vercingétorix, 14e pour une soirée consacrée à l’Amazonie face aux multinationales
http://www.amisdelaterre.org/Soiree-debat-9-octobre-2018-Defendre-l-Amazonie-face-aux-entreprises.html
Tribune publiée dans Liberation le 5 juillet 2018
Ce mercredi 4 juillet, le Premier ministre Edouard Philippe, entouré de plusieurs ministres dont Nicolas Hulot, dévoilait le plan du gouvernement censé « sauver » la biodiversité, dans la grande galerie de l’évolution du Musée national d’histoire naturelle. Le choix du lieu et la composition du panel devaient incarner l’importance de l’engagement du gouvernement en la matière. Cette mise en scène prêterait à rire si l’heure n’était pas aussi grave. Oui Nicolas Hulot a raison lorsqu’il déclare: « La nature nous lance un SOS, un appel à l’aide. La biodiversité se meurt en silence » Et à première vue, c’est une bonne chose que le gouvernement s’empare du sujet. Mais lorsque l’on regarde concrètement la liste des 90 mesures envisagées, face à l’ampleur du massacre généralisé que l’on perpétue à l’heure actuelle sur le vivant, on se dit que toute cette communication politique autour d’un sujet aussi grave est parfaitement irresponsable, voire criminelle. Oui la biodiversité est en train de mourir, mais d’abord pas en silence pour qui sait écouter. Beaucoup de chercheurs, de scientifiques, d’écologistes, d’acteurs de terrain comme récemment les apiculteurs, ne cessent de nous alerter depuis des années sur l’effondrement du vivant qui est en cours. Les dernières évaluations de l’IPBES (le GIEC de la biodiversité) publiées en mars dernier étaient on ne peut plus claires: la biodiversité s’effondre partout et à une vitesse alarmante. En Europe, 71% des populations de poissons et 42% des espèces animales et végétales terrestres ont diminué en dix ans, tandis que 25% des terres agricoles sont touchées par l’érosion. Ce n’est guère mieux, voire pire partout ailleurs sur la planète. Or l’effondrement de la biodiversité n’est pas un simple problème écologique de plus auquel se confronte l’humanité. Derrière le mot « biodiversité », c’est l’ensemble du vivant qui est en train de mourir, donc les êtres humains, ce qu’il semble nécessaire de rappeler encore une fois. Oui parce que nous sommes partie intégrante de la nature, et croire que nous pourrions nous en sortir quand celle-ci disparaît est une totale supercherie, n’en déplaisent aux transhumanistes et autres scientistes persuadés que le génie de l’humanité la sauvera de tous les périls qu’elle crée elle-même. Donc pour tenter de « sauver la biodiversité », il faut commencer par changer de paradigme afin d’en finir avec l’anthropocentrisme. L’espèce humaine n’est pas à part dans le règne animal, si ce n’est son haut degré de conscience vis-à-vis d’elle-même et des autres espèces. Elle est un chaînon du vivant, et quand ce chaînon est en train de se briser, comme actuellement, c’est de son devoir de tout faire pour tenter de le réparer, surtout quand elle en porte la responsabilité. Ainsi sauver la biodiversité n’est pas un sujet politique parmi d’autres, c’est le sujet absolu qui conditionne tous les autres. L’avenir de la SNCF, les retraites, le chômage, les conditions de travail, la réforme du Parlement, toutes ces questions n’ont plus aucune raison d’être quand c’est la possibilité même de vie sur Terre qui est en péril. Ensuite, pour tenter de « sauver la biodiversité », il faut cesser de massacrer les animaux non humains: 60 milliards d’animaux terrestres et 1000 milliards d’animaux marins tués chaque année pour assouvir notre besoin morbide de chair animale, alors que nous pouvons parfaitement nous en passer. Et tous ces êtres vivants ne meurent pas en silence. Ils hurlent par millions du tréfonds des abattoirs vers nos oreilles qui refusent encore de les entendre, les yeux rivés égoïstement sur nos assiettes. De plus en plus de gens, prenant conscience de cette situation totalement injustifiable, arrêtent de manger de la viande. C’est sans doute un des, voire le sujet politique majeur de cette première moitié du 21e siècle, la fin de la viande. Or de ceci, rien bien entendu dans le plan biodiversité du gouvernement. Pour sauver la biodiversité enfin, il faut tout de suite donner de nouveaux droits à la nature. Compenser l’artificialisation des sols en désartificialisant des surfaces équivalentes par exemple, comme le propose le gouvernement, est totalement insuffisant. C’est de l’écologie molle, totalement superficielle, basée sur une vision uniquement utilitaire de la nature, vision qui nous a mené à la catastrophe actuelle. Le vivant n’est pas interchangeable, il a une valeur en soi. Viendrait-il à quelqu’un l’idée de proposer par exemple à des parents en deuil venant de perdre leur enfant de le remplacer par un autre? Donner de nouveaux droits à la nature, c’est par exemple voter des lois protégeant les sols face aux grands projets inutiles et imposés, comme le projet fou EuropaCity aux portes de Paris, qui viendrait massacrer les dernières terres agricoles d’Ile de France au nom du business (projet soutenu par le gouvernement). C’est faire reconnaître le crime d’écocide, pour que toutes celles et ceux, personnes physiques ou morales, qui détruisent la nature de par leurs activités, puissent être poursuivis comme des criminels.
L’heure est bien trop grave pour ne prendre que des demi-mesures et se contenter de faire de la communication autour d’un énième plan biodiversité. Ce n’est pas de plan dont nous avons besoin, mais d’une vision, d’une révolution copernicienne dans notre rapport au vivant, pour non seulement arrêter de le massacrer, mais commencer enfin à le respecter en lui donnant une valeur intrinsèque.
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L’Invité des Matins d’été par Olivia Gesbert – Avec Cyril Dion et Valérie Cabanes
le 5 juillet 2018
“Il est grand temps de passer d’une société orientée vers les choses à une société orientée sur les êtres.”
Ce sont les mots de Martin Luther King, prononcés le 4 avril 1967 devant l’église Riverside de New York, alors qu’il condamne fermement la guerre du Vietnam. Ces paroles font aujourd’hui office d’introduction pour le nouvel ouvrage de Cyril Dion. Après avoir réalisé le documentaire Demain, il publie son “Petit manuel de résistance contemporaine” aux éditions Actes Sud. Co-fondateur du mouvement Colibris, il estime que nous sommes face à un danger [environnemental] d’une ampleur comparable à celui d’une guerre mondiale”. Ne comptant pas sur “la bonne volonté des responsables politiques”, il croit au pouvoir des imaginaires et des grands récits pour “engager une véritable « révolution »”.
Comme lui, Valérie Cabanes, auteure de l’essai Homo natura : en harmonie avec la nature, déplore la mainmise des êtres humains sur la “Terre mère”. “Nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis et fermons les yeux” dénonce t-elle, souhaitant que le crime d’écocide soit reconnu au niveau international. Est-il trop tard pour mettre en place un plan biodiversité ?
Petit manuel de résistance contemporaine, récits et stratégies pour transformer le monde Cyril Dion Actes Sud, 2018
Homo natura, En harmonie avec le vivant Valérie Cabanes Buchet Chastel, 2018
Circuits courts, une émission engagée, animée par Anne Le Gall et Maxime Switek.
Circuits Courts passe le bac philo : « Faut-il donner des droits à la nature et aux animaux ? »
· Grand Témoin 1 : Valérie Cabanes, juriste en droit international, auteure de « Un nouveau droit pour la Terre » (Seuil) et « Homo natura. En harmonie avec le vivant » (Buchet-Chastel)
· Grand Témoin 2 : Corine Pelluchon, philosophe, professeure à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée. Auteure de « Manifeste animaliste. Politiser la cause animale » (Alma Editeur) et « Ethique de la considération » (Seuil)
· Le Coup de Fil à Pascale Amadou-Romanin, coordinatrice du groupe de citoyens « Gien, sauvons les platanes »
· Reportage : cours sur le droit animalier à la faculté de Brest / François Coulon, correspondant à Nantes
· L’initiative de Cyrielle Hariel : la Norvège, pays en avance sur la cause animale
by admin with no comments yetLe 5 juin 2018 – Hôtel de Ville de Metz
Echanges croisés avec Ernst Zürcher, ingénieur forestier, professeur spécialiste de la structure temporelle des arbres, intervenant du film « l’intelligence des arbres » et auteur du livre « Les arbres, entre visible et invisible » chez Acte Sud. Conférence proposée par l’institut européen d’écologie, en partenariat avec « la voix de l’Arbre » et le collectif « Foret du Val de Metz »
Extrait d’un article de Claire Chartier, publié le
dans L’Express
« L’âme du monde »
On sent, dans ce juste retour des choses, un besoin de continuité et d’unité, la nostalgie d’une vision cosmologique des temps anciens, où palpitait en chaque élément « l’âme du monde » aristotélicienne. Une vision à l’unisson des spiritualités orientales, dont la vogue persistante illustre la soif d’harmonie de notre époque blessée. Même les plantes nous « parlent », désormais. Il faudrait être aveugle ou méditant du désert pour ne pas avoir avisé en librairie la moisson d’ouvrages vantant les bains de forêts et autres célébrations végétales. Ce n’est plus un phénomène d’édition, c’est une marée verte. Dans son livre L’intelligence des plantes (Albin Michel), le chercheur italien Stefano Mancuso insiste sur notre dépendance envers les végétaux, sans lesquels nous ne pourrions pas survivre au-delà de quelques mois.
De là découlent de nouvelles revendications, qui secouent un peu plus l’outrecuidant primate sur son piédestal. « Le droit de la nature à maintenir la vie sur terre est un préalable à celui de l’humanité si elle veut perdurer », écrit ainsi la juriste Valérie Cabanes (Homo natura, Buchet-Chastel). Pour que la nature voie ses intérêts – croître dans de bonnes conditions, être préservée – dûment protégés, il faut que des poursuites puissent être engagées, au nom des plantes, des cours d’eau, du ciel…
L’Equateur, la Bolivie ou le Mexique ont déjà inscrit les droits de la nature dans leur Constitution. En Inde du Nord, le Gange, les ruisseaux, lacs, forêts et vallées de l’Etat d’Uttarakhand sont reconnus comme des personnes. « La Haute Cour de l’Etat a expliqué dans sa décision que porter atteinte aux droits de ces écosystèmes serait dorénavant perçu comme un préjudice aussi grave que l’atteinte aux droits des personnes humaines, et serait donc jugé de manière équivalente », précise Valérie Cabanes.
Quand bien même l’anthropocentrisme serait en passe de devenir chez nous une maladie honteuse, un tel jugement fait tiquer. Il y a pourtant un peu de cette philosophie-là dans le mouvement antispéciste, lorsqu’il revendique des droits pour nos amies les bêtes « non-humaines ». Et, à bien y songer, cette exigence est encore de l’humanisme. Non plus tel que Jean-Paul Sartre l’entendait – « une théorie qui prend l’homme comme fin et comme valeur supérieure » – mais comme le concevait l’ethnologue Claude Lévi-Strauss : « Un humanisme bien ordonné (…) place le monde avant la vie, la vie avant l’homme, le respect des autres êtres avant l’amour-propre. »
Lire l’article complet ici : https://www.lexpress.fr/culture/espece-menacees-et-l-homme-dans-tout-ca_2018496.html
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