Durée émission : 25 min présentée par Béatrice Soltner
Interview de Valérie Cabanes, juriste auteur d’ « Un nouveau droit pour la terre » ed.Seuil et « Homo natura » ed.Buchet-Chastel.
Forêt rasée, océan pollué, air vicié, la terre souffre et nous voici plongé dans l’anthropocène, spectateur sidéré, vivant une ère inédite où pour la première fois de son histoire l’homme s’empoisonne à mort en assassinant son milieu nourricier.
Les dommages sont tels que des voix réclament la reconnaissance internationale du crime d’écocide, ce fut le cas par exemple en mai 2016 lorsque le Tribunal international contre Monsanto affirmait que les activités de la multinationale causaient des dommages aux sols, à l’eau et à l’environnement. Les 5 juges concluaient que les faits rapportés pourraient relever de la Cour pénale internationale.
La voix est libre avec … Francis Hallé, botaniste-explorateur, qui a consacré sa vie à faire reculer les frontières de l’inconnu, dans cette aventure humaine et scientifique, endossant le rôle de passeur de découvertes et de connaissances auprès d’un large public, et aussi d’alerteur sur le devenir des forêts tropicales.
Invitée surprise : Valérie Cabanes autour d’une discussion sur les droits de la nature
Présentation complète de l’émission ici du 31 décembre 2017:
En France et dans le monde, des associations et citoyens militent pour la reconnaissance de la responsabilité juridique des États dans le changement climatique.
(…) En 2017, les investissements dans les énergies fossiles de la part des États notamment restent colossaux. « Aujourd’hui, nous sommes face à des entreprises, des États et des banques qui, en connaissant les conséquences de leurs actes, continuent à subventionner ou à exploiter des énergies fossiles », explique Valérie Cabanes, auteure d’Un nouveau Droit pour la Terre et cofondatrice de l’association « Notre affaire à Tous». Face à cette situation, la juriste internationale milite pour la reconnaissance de la responsabilité juridique des États grâce notamment à la prise en compte du crime « d’écocide ». Une mesure qui pourrait ouvrir aux citoyens le droit de saisir la justice s’ils considèrent qu’un État ne fait pas son travail pour protéger l’environnement et, par extension, leur droit fondamental à vivre sur une planète viable.
(…)« Notre affaire à Tous » a lancé, en novembre dernier, une campagne pour interpeller officiellement l’État par le biais de cinq requêtes : l’inscription du changement climatique dans la Constitution, la reconnaissance du changement climatique comme un crime d’écocide, ouvrir aux citoyens la capacité d’ester en justice, comptabiliser les émissions importées de gaz à effet de serre dans le bilan national et sortir la finance des énergies fossiles. « On peut en tout cas observer qu’il y a un mouvement mondial de justice climatique qui est en train de se fédérer : il y a d’un côté une prise en main des citoyens de leur destin et de l’autre, une forte dynamique autour du droit de la nature. Avec l’idée qu’on ne peut pas avoir un droit efficace par rapports aux enjeux si l’on ne considère pas le vivant dans son ensemble », conclut Valérie Cabanes.
Acteurs du changement – Portraits de onze personnalités engagées pour le mieux-être de la planète.
Rencontre – Face aux atteintes aux droits de l’homme, aux pillages des ressources, à la déforestation, l’activiste indienne Vandana Shiva en appelle à la désobéissance civile.
Préserver la Terre
Sarah Toumi : une entrepreneuse face au désert. Elle veut faire reverdir la Tunisie et donner du travail aux agricultrices.
Cary Fowler : il a créé l’arche de Noé de la biodiversité. Des graines du monde entier affluent vers ce «coffre-fort» construit en Norvège, dans l’archipel du Svalbard. Reportage.
Valérie Cabanes, juriste, spécialiste des droits de l’homme. Cette femme défend les peuples autochtones face aux abus des multinationales les plus polluantes.
Améliorer le quotidien
Bunker Roy : il a fondé le Barefoot College. Cette ONG indienne forme des femmes analphabètes à l’ingénierie solaire pour éclairer des villages isolés et démunis. Reportage sur les «mamas solar» à Zanzibar.
Jack Sim : le roi du petit coin. Cet ancien entrepreneur singapourien se bat pour que tout le monde ait accès aux toilettes.
Transformer l’espace urbain
Architectes – Les inventeurs de villes zéro carbone. Ils repensent l’urbanisme pour réduire l’impact de l’homme sur l’environnement. Voici quatre de leurs projets.
Kimbal Musk : un pionnier de l’agriculture urbaine. Aux Etats-Unis, il a créé des containers haute technologie pour cultiver en ville.
Daan Roosegaarde : designer néerlandais. Il a conçu des tours dépolluantes pour rendre les cités plus belles et plus propres.
Réparer les vivants
Conor Walsh : le surdoué de la robotique médicale. Ses combinaisons connectées permettent aux victimes d’un AVC de remarcher plus vite.
Andrew Bastawrous : il sauve des yeux avec un smartphone. Cet ophtalmologue a inventé des solutions pour diagnostiquer des populations isolées dans la brousse africaine.
Alain Brunet : un psychologue contre les traumas. Son traitement efface la douleur liée à un souvenir épouvantable.
Mehmet Yigit : le chimiste anti-Ebola. Avec ses équipes, il a conçu un test rapide et bon marché pour dépister le virus.
Défendre une éthique
Latifa Ibn Ziaten : une mère contre la radicalisation. «Je me bats pour qu’il n’y ait pas d’autres Mohamed Merah», explique-t-elle.
Laxmi Agarwal – Victime d’une attaque à l’acide, défigurée, cette Indienne a décidé d’aider les femmes qui ont connu le même sort.
Silva Watt-Cloutier – Cette Inuite se bat pour le «droit au froid», afin de sauver les peuples de l’Arctique.
Tribune – L’écrivain Lionel Astruc rend hommage aux centaines de défenseurs de l’environnement assassinés.
Comment faire de la nature un projet politique et repenser la gestion des problèmes environnementaux ?
La Tête au carré – Mathieu Vidard – émission du 14 décembre 2017 sur France Inter
L’attitude des Français vis-à-vis de la nature est très différente celle de nos voisins germanophones et anglophones. C’est le constat que fait Valérie Chansigaud dans son nouveau livre intitulé Les Français et la nature, Pourquoi si peu d’amour ?
Comment expliquer cette désaffection? Pourquoi est-il si difficile de mobiliser les Français pour la sauvegarde de la faune et de la flore ?
Pour cette historienne des sciences et de l’environnement, l’intérêt pour la nature s’accompagne toujours d’une dimension sociale et politique.
Pour Valérie Cabanes, l’humanité doit retrouver son rôle originel : celui de gardienne de la Terre pour vivre « en harmonie avec la nature ».
Juriste, elle appelle dans ses livres à une métamorphose du droit international pour mieux protéger la planète Terre et ses habitants.
Les références
Les Français et la nature, Pourquoi si peu d’amour ? écrit par Valérie Chansigaud (Actes Sud)
Homo natura, En harmonie avec le vivant écrit par Valérie Cabanes (Buchet Chastel)
Un nouveau droit pour la Terre : Pour en finir avec l’écocide écrit par Valérie Cabanes (Seuil)
Dialogues Interactifs de l’ONU et Droits de la Nature
Les experts qui sont sollicités tous les ans par le Bureau de l’ONU en charge de l’initiative Harmony with Nature, échangent déjà aux niveaux national et continental (Europe, Amérique du Nord…) selon divers groupes de thématiques. Cette Conférence organisée en Décembre permet de travailler sur les résultats des Dialogues Interactifs de Haut Niveaux ayant eu lieu, et de préparer la matière à penser en vue des prochains Dialogues Interactifs.
Les grands acteurs mondiaux, les fédérations, et les acteurs spécifiques, s’organisent actuellement au niveau international et sont appelés à se rencontrer tous les ans en fin d’année, à la Conférence Internationale sur les Droits de la Nature, à l’ONU, à Genève. Cet espace annuel de mise en commun permet aux acteurs du domaine de mettre en commun pratiques, enjeux, solutions, idées, besoins.
Les acteurs présents à cette Conférence sont :
Acteurs locaux et régionaux des différents pays
Acteurs thématiques, par disciplines
Fédérations régionales ou nationales
Fédérations thématiques, par disciplines
Grandes Institutions des Droits de la Nature
Associations de défenses et de protection de la Nature
Ministères gouvernementaux (Environnement, Education, Recherche, Développement Durable…) et associations internationales de Ministères
Journalistes spécialisés (juridique, sciences, environnement, éducation, développement durable…)
Organismes de l’ONU (UNDP, UNEP…)
Les sujets qui sont à l’ordre du jour de Décembre 2017 sont :
Pour une Justice non anthropologique, et centrée sur la Terre
Pour une Economie écologique
Education pour un comportement naturellement respectueux de la Nature
Sciences et Recherche intégrées et transversales (Holistic Science)
Sciences Humaines pour les Droits de la Nature
Philosophie et Ethique
Arts, Media, Design et Architecture
La Théologie et la Spiritualité face aux Droits de la Nature
Les échanges entre les parties prenantes de cette réunion ont lieu à la fois sous la forme de pitchs très dynamique suivi de sous-groupes au sein desquels vous pourrez participer, et à la fois sous forme de Table-Ronde entre les intervenants, et bien entendu de débats avec l’audience de l’Assemblée.
Lors de la 2de UNIVERSITE POPULAIRE organisée par Les Apprentis de l’Espérance à Marseille: Conférence à 18 :30 Autour du livre de Valérie CABANES, Homo Natura
Interculturalité, conscience et responsabilité, pour se construire et grandir en harmonie…avec le vivant.
Extrait de mon intervention au Théâtre Toursky
Copyright des images : Gérard Chargé (Ciné Zooms/ACR).
Prochainement plusieurs épisodes vous seront présentés.
L’actualité africaine et internationale de la semaine, passée en revue avec un invité. Chaque samedi, Pierre-Edouard Deldique revient sur les principaux événements de la semaine en compagnie d’invités, tous observateurs de l’évolution de la planète, en sélectionnant sons et reportages diffusés par la rédaction de RFI durant la semaine écoulée.
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Valérie Cabanes: «Homo natura, en harmonie avec le vivant»
L’actualité africaine et internationale de la semaine, passée en revue avec un invité. Chaque samedi, Pierre-Edouard Deldique revient sur les principaux événements de la semaine en compagnie d’invités, tous observateurs de l’évolution de la planète, en sélectionnant sons et reportages diffusés par la rédaction de RFI durant la semaine écoulée.
16.11.2017 par Myriam Bettens-Lariche pour Cath.ch
Le concept d’”écocide” était au cœur d’une conférence, le 15 novembre 2017, au Collège pour adultes Alice-Rivaz à Genève. La sanction contre les atteintes à l’écosystème s’impose peu à peu. Pourtant, la vision de l’homme comme gardien et non plus comme maître de la Terre ne va pas encore de soi.
Le concept d’écocide est construit à partir des termes ‘écosystème’ et ‘génocide’, mais le néologisme dérange, soulignent les conférenciers. Inscrire l’écocide en tant que crime contre l’humanité va radicalement à l’encontre des intérêts de multinationales qui font du profit avec le trafic d’animaux ou de végétaux protégés, la pétrochimie ou le nucléaire, estime la juriste Valérie Cabanes, porte-parole du mouvement “End Ecocide on Earth”. Pourtant, les initiatives pour la reconnaissance de ce “crime” se multiplient partout dans le monde, avec plus de 700 cas en cours d’instruction.
La nature comme sujet de droit
Les deux intervenants réunis au collège Alice-Rivaz proposent des approches différentes, mais complémentaires, de cette problématique. Valérie Cabanes envisage des solutions en questionnant la relation que les citoyens entretiennent avec la Terre, leur maison. Laurent Neyret, professeur de droit à l’Université de Paris-Versailles, spécialisé en criminalité environnementale, analyse et met à contribution les outils existants du droit pour préserver l’environnement.
“Laudato Si’ peut être considérée comme une révolution des mentalités”
Les deux conférenciers s’accordent à dire que le droit international est “mal outillé pour limiter les atteintes faites à la vie sur Terre”. Laurent Neyret ajoute que dans les crimes contre l’environnement “le profit est élevé et le risque zéro”. Aux Etats-Unis, 1 kg de cocaïne équivaut à 28’000 dollars et peut valoir 10 ans de prison à son détenteur, alors qu’1 kg de poudre de corne de rhinocéros se négocie 70’000 dollars et que sa possession n’est sanctionnée que d’un an de détention.
D’une part, des traités contraignants et des sanctions qui touchent à la confiscation de l’argent du crime doivent être mis en place au niveau international. D’autre part, selon Valérie Cabanes, le citoyen doit “titiller les juges afin de créer une jurisprudence”. L’individu a aussi un rôle à jouer dans la sauvegarde de sa maison.
Revenir à la Genèse de l’écologie
Dans un entretien avec cath.ch en marge de la conférence, Valérie Cabanes estime que “notre éducation judéo-chrétienne, qui dans certaines interprétations de la Genèse confère à l’homme une supériorité vis-à-vis de la nature, aurait conduit les Occidentaux à se considérer comme extérieurs à elle, laissant place à une prétention fatale de domination de tout le vivant. “Nous trouvons cette vision pyramidale dans toutes nos sociétés. Cette compréhension dominatrice et prédatrice a préfiguré une opposition entre les peuples qui adhèrent à cette vision du monde et les autres”. Elle ajoute que cette conception a justifié le pillage des richesses d’autres territoires. Un retour aux fondamentaux s’impose donc selon elle
“‘Adam’ ne vient-il d’ailleurs pas du mot hébreu qui signifie ‘terre’?”
Un mouvement dans lequel le pape François s’est engagé avec son encyclique Laudato Si’ sur l’écologie humaine, publiée en juin 2015. “Le pape adopte une attitude courageuse et fascinante lorsqu’il dit que nous avons loupé quelque chose. L’humain s’est attaché à comprendre ce qui l’arrangeait en oubliant l’émerveillement et la gratitude face à la Création”, avance Valérie Cabanes. Laudato Si’ peut ainsi être considérée comme une révolution des mentalités. La juriste se réjouit que l’encyclique rejette la compréhension despotique de l’homme pour se caler sur une explication de l’humain comme gardien de la Terre. La Création a une valeur intrinsèque dont l’homme doit prendre soin.
Le rôle essentiel des leaders spirituels
Loin de rester lettre morte, elle juge que l’ouvrage a provoqué une prise de conscience. En France, le Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre Solidaire a d’ailleurs lancé une grande “campagne de désinvestissement”. Ce comité a poussé les communautés chrétiennes à ne plus être actionnaires auprès des multinationales qui vont à l’encontre des intérêts de la nature et des peuples.
Pour la juriste, “le rôle des leaders spirituels est de démontrer qu’il est possible de trouver dans les textes sacrés une source d’inspiration pour réapprendre à vivre en harmonie avec le vivant”. En d’autres termes, l’écologie intégrale passe par un retour aux racines des textes sacrés des monothéismes. ‘Adam’ ne vient-il d’ailleurs pas du mot hébreu qui signifie ‘terre’? (cath.ch/myb/rz)
Référence: Valérie Cabanes, Homo natura. En harmonie avec le vivant, Buchet/Chastel, Dans le vif, 2017