Retrouvez Valérie Cabanes, juriste spécialisée dans les Droits de l’Homme et le Droit humanitaire, sur le festival web des 108 empreintes le 15 mai à 21:15 en ligne. Inscription gratuite sur https://108empreintes.org
Vous vous sentez concernés par l’avenir de la planète et de tous ses habitants ? Partagez l’événement !
Conférence proposée par le Festival Terre & Lettres 2017.
Comment faire évoluer le droit international aujourd’hui impuissant et faire reconnaître le crime d’Ecocide comme crime premier, celui qui ruine les conditions mêmes d’habitabilité de la Terre.
Conférence de Valérie Cabanes, juriste, spécialisée dans le droit international humanitaire et les droits humains.
Organisé par etika et ATTAC Luxembourg avec le soutien de Altrimenti.
Si les catastrophes liées au dérèglement climatique ou les désastres environnementaux majeurs sont repris par la presse, il est rarement fait mention de la question juridique liée à la protection de la nature.
C’est une lacune du droit international : aucune sanction n’est prévue pour ceux qui menacent les systèmes écologiques dont nous dépendons tous pour vivre et rien ne permet de protéger les droits des générations à venir.
Il nous faut pouvoir défendre en justice l’intérêt des écosystèmes à exister et à se maintenir car c’est ainsi que nous préserverons la dignité de l’humanité.
Pour cela, il faut redéfinir les valeurs pivots de notre système juridique afin d’affirmer nos liens d’interdépendance avec les autres formes de vie et permettre que puissent être jugées les atteintes les plus graves contre l’écosystème terrestre commises par des Etats ou des entreprises afin de préserver l’habitabilité et la sûreté de la planète.
Il devrait donc être envisagé d’élargir la palette des crimes internationaux les plus graves en reconnaissant un cinquième crime contre la paix et la sécurité de l’humanité : le crime d’écocide.
Ces principes permettent de considérer la nature comme un sujet de Droit plutôt que comme un objet.
Cela remet en cause notre conception de la place de l’humanité par rapport à la nature. Car il ne saurait y avoir de Droits Humains pour les générations actuelles et futures à bénéficier d’un environnement sain et viable sans la reconnaissance des droits de la nature. Ainsi pourraient émerger de nouveaux modèles de gouvernance mondiaux.
Présentation de l’oratrice :
Valérie Cabanes est juriste, spécialisée dans le droit international humanitaire et les droits humains.
Elle défend la reconnaissance juridique du crime d’écocide depuis 2013 au sein du mouvement citoyen mondial End Ecocide on Earth.
L’écocide, c’est la destruction de l’écosystème Terre par l’homme. Elle est auteur d’ « Un nouveau Droit pour la Terre, pour en finir avec l’écocide » (Seuil 2016).
Elle a participé à la rédaction de l’ouvrage collectif « Des droits pour la nature » aux éditions Utopia. Cet ouvrage a été salué par la presse :
[Ce livre] rassemble les contributions très éclairantes de 17 spécialistes, militant.es de cette cause, venues de pays et d’horizons disciplinaires variés. Jean Gadrey, Alternatives économiques
by admin with no comments yetSur France culture, en seconde partie de l’émission (+ 45mns) de Causes à effets.
« Les Echos de la terre » avec la juriste Valérie Cabanes, spécialisée dans le droit international humanitaire et les droits humains, auteur du livre «Un nouveau droit pour la Terre» paru au Seuil. Avec elle, retour sur le statut de personne attribuée à un fleuve maori en Nouvelle Zélande, et cette évolution du droit en matière d’environnement et de préservation de la planète terre.
Tribune sélectionnée dans La Matinale du 29/03/2017, publiée dans le Monde du 30 mars .
Durant dix mille ans, nous avons prospéré en tant qu’espèce grâce à des conditions climatiques favorables et des milieux de vie fertiles et foisonnants de biodiversité. Mais l’industrie s’est dernièrement imposée sur les milieux naturels en occupant l’espace et en perturbant les équilibres de l’écosystème terrestre. Le climat s’est emballé, la biodiversité s’est effondrée, la pollution est omniprésente, et les conditions mêmes de la vie sur Terre commencent à être menacées. Nous ne pouvons plus rester spectateurs. Nos choix menacent aujourd’hui la paix et la sécurité humaines.
Il est encore temps de freiner les conséquences de l’anthropocène, cette ère géologique que l’homme a façonnée et qui menace les conditions d’existence des plus vulnérables d’entre nous et hypothèque les droits des générations à venir. La justice doit pouvoir s’appuyer sur un droit de la Terre pour être en mesure de maintenir les systèmes écologiques dont nous dépendons, car c’est ainsi que nous préserverons la dignité de l’humanité. Pour cela, il faut redéfinir les valeurs pivots de notre système juridique afin d’affirmer nos liens d’interdépendance avec les autres formes de vie.
Reconnaître le vivant comme sujet de droit est une idée portée par le mouvement Earth Law depuis les années 1990 dans le sillage de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (1981) et de la Charte mondiale de la nature (1982). Le mouvement s’est inspiré de la pensée d’Arne Næss, considéré comme le fondateur de l’écologie profonde (« Deep Ecology »). Il a notamment popularisé l’idée que « la richesse et la diversité des formes de vie sont des valeurs en elles-mêmes et contribuent à l’épanouissement de la vie humaine et non humaine sur Terre ».
La Déclaration des droits des peuples autochtones (2007) consacre ces valeurs en s’appuyant sur l’holisme des traditions et modes de pensée des peuples premiers. Ces peuples accompagnés de communautés locales ont par ailleurs proposé, lors de la Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre mère, à Cochabamba en avril 2010, un projet de Déclaration universelle des droits de la Terre mère faisant le constat que « la Terre est vivante, elle est notre maison commune et nous devons la respecter pour le bien de tous et des générations futures ».
Parallèlement, certaines avancées juridiques visant à améliorer le statut des animaux démontrent que le droit commence à quitter sa sphère anthropocentrée. La Nouvelle-Zélande, par exemple, a étendu le statut d’« être humain » aux grands singes dès 1999. En 2008, le Parlement espagnol a voté une résolution exhortant à respecter le « projet grands singes ».
Ce projet vise à étendre les droits fondamentaux de la personne humaine au-delà de notre espèce, pour en faire bénéficier les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outans. Les dauphins se sont vu récemment attribuer le statut de « personne non-humaine » en Inde et tout delphinarium est interdit. Mais le mouvement Earth Law va plus loin et propose que soient reconnus dans la loi les droits des écosystèmes « à exister, se développer et évoluer ».
Beaucoup de pays reconnaissent le locus standi – intérêt à agir – pour les citoyens afin de régler des différends dans l’intérêt général, ce qui peut être utilisé pour parler au nom de la nature, d’autant plus si des droits lui sont reconnus en propre. Les perspectives sont encourageantes. C’est en Amérique latine que le concept des droits de la nature a vu le jour dans la loi. En 2008, l’Equateur a en effet ouvert la voie en reconnaissant ces droits dans sa Constitution.
En Nouvelle-Zélande, le 30 août 2012, la communauté indigène iwi [tribu] Whanganui et le gouvernement néo-zélandais ont signé un accord qui reconnaît les droits de la rivière Whanganui et la communauté iwi Whanganui comme son dépositaire selon l’adage de la communauté : « Je suis la rivière et la rivière est moi. » L’accord reconnaît la rivière comme une entité vivante avec des droits et des intérêts à défendre, et son « propriétaire » désigné est son propre lit. Les iwi Whanganui sont, eux, reconnus comme ses gardiens chargés de protéger la santé et le bien-être de la rivière. Cet accord a été entériné par le Parlement le 15 mars 2017 et fut présenté comme une première mondiale à l’échelle d’un pays occidentalisé.
Mais aux Etats-Unis, des comtés ont déjà adopté les droits de la nature dans leur législation, comme celui de Mora County, en 2013 au Nouveau-Mexique, qui a adopté un décret établissant une déclaration des droits communautaires – incluant le droit à un air pur et une eau potable, le droit à un environnement sain, et les droits de la nature – tout en prohibant les activités susceptibles d’interférer avec ces droits, incluant le forage et la fracturation hydraulique pour les gaz de schiste.
En Europe, la société civile demande de plus en plus que soient reconnus des droits aux écosystèmes et aux espèces non humaines. L’idée d’une initiative citoyenne européenne sur les droits de la nature a d’ailleurs été débattue au Parlement européen, le 29 mars 2017. En 2013, c’est une directive européenne sur le crime d’écocide qui avait été proposée par le mouvement End Ecocide.
Depuis, la perspective d’une telle reconnaissance à l’échelle européenne et universelle progresse rapidement. Sans crier gare, la protection des communs planétaires par la Constitution ou la reconnaissance du crime d’écocide se sont invitées lors de la campagne présidentielle en France dans les programmes de la gauche. Serait-on mûr pour une telle évolution culturelle ? Ce serait une bonne nouvelle pour notre maison commune.
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A quelques jours d’intervalle, trois fleuves viennent d’être dotés d’une personnalité juridique. En Nouvelle-Zélande tout d’abord, où le Parlement vient d’accorder à la rivière Whanganui les mêmes droits qu’une personne. Et en Inde, où la Haute Cour de l’Etat himalayen de l’Uttarakhand a décrété que le Gange et l’un de ses affluents, la Yamuna, seraient désormais considérés comme des « entités vivantes ayant le statut de personne morale » et les droits afférents.
Quels sont les enjeux, et les conséquences, de ces décisions pour la protection de l’environnement ? Les juges sont-ils en train d’inventer un nouveau droit, pour sauver la planète et les hommes ?
Décryptage dans TELERAMA (23 mars 2017)
Propos recueillis par Weronika Zarachowicz
Franceinfo répond à trois questions sur ce nouveau statut:
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Mon Entretien sur RFI ce dimanche 26 mars en annonce de ma conférence au Salon du Livre de Paris.
A écouter en ligne : http://www.rfi.fr/emission/20170326-nouveau-droit-terre-valerie-cabanes
Rivières polluées, forêts rasées, sols ravagés par des substances toxiques… hommes et animaux à travers le monde sont privés de leur espace vital. Détruire ainsi l’environnement est un crime et ça s’appelle écocide. Pourtant, aujourd’hui, les auteurs de ces destructions bénéficient d’une impunité quasi-totale. Dans mon livre Un nouveau droit pour la Terre – pour en finir avec l’écocide, paru aux éditions du Seuil, j’appelle à une métamorphose du droit international pour mieux protéger la planète Terre et ses habitants.
The Missing Piece of the Puzzle
MARCH 29th European Parliament 13:00 – 15:00 : ECI Nature’s Rights launch
Book complimentary tickets here: https://
Université de Marseille Saint Charles
Date: 3 mars 2017 12:30-14h
Grand Amphi
Maison de l’Avocat
Date: 3 mars 2017 17h
51 rue Grignan, salle Albert Haddad – Marseille (13)
Opera-Mundi
Date : 4 mars 2017 17:00
FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur
20, boulevard de Dunkerque – Marseille (13)
http://www.opera-mundi.org/2017/03/04/valerie-cabanes/
Salon du livre de Paris
Date: 26 mars 2017 – 14h à 15h
Scène : Sciences pour Tous – Porte de Versailles- Paris (75)
https://www.livreparis.com/fr/Sessions/40858/Un-nouveau-droit-pour-la-Terre
Conférence de l’ Avern
Dates : 27 mars 2017 – 20h
Lycée Rotrou – Dreux (28)
http://www.avern.fr/agenda/conference-debat-un-nouveau-droit-pour-la-terre/
Université de Droit de Strasbourg
Date – 28 mars – 13h à 15h
Festival Terre & Lettres
Date : 31 mars 2017 18h30-20h
Médiathèque Michel Crépeau – La Rochelle (17)
https://www.terre-et-lettres.org/programme/
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