Le 25 mai 2018 par Stéphanie Senet
Alors que des fleuves ont obtenu, l’an dernier, en Inde et en Nouvelle-Zélande, une personnalité juridique à part entière, la reconnaissance des droits de la nature fait son chemin dans le monde. Une évolution indispensable à la préservation du vivant, selon la juriste Valérie Cabanes, auteure du livre Homo natura, aux éditions Buchet Chastel.
Vous avez publié cet essai un an après votre livre intitulé Un nouveau droit pour la terre[1], où vous défendiez notamment la création d’un crime d’écocide. Aujourd’hui, vous semblez plutôt vous intéresser à la nécessaire reconnexion de l’homme avec la nature.
Mon premier ouvrage a dressé un bilan planétaire, qui m’a effrayée moi-même en l’écrivant. Je me souviens avoir été paralysée pendant un moins, en me disant qu’on était foutus. J’ai voulu montrer que tous les sujets étaient interconnectés alors que dans le milieu écologiste, on a tendance à se focaliser sur un seul thème, les pesticides, le climat, le nucléaire… J’ai aussi voulu retracer l’histoire du droit de l’environnement pour montrer la vision anthropocentrée qui l’a animée. Dans ce livre, j’ai souhaité au contraire amener une réflexion plus profonde, plus philosophique, plus personnelle aussi. Si le droit est le reflet de notre niveau de conscience à un moment donné, il faut s’intéresser aux blocages, dans nos sociétés occidentales, qui ont conduit à séparer les êtres humains des autres êtres vivants.
Quels sont ces blocages ?
Le droit international occidental s’est construit, il y a 500 ans, au moment où les grandes puissances sont parties à la conquête du monde. On a alors vu émerger deux écoles, celle de Salamanque qui a proposé au Pape et à Charles Quint de considérer tous les êtres humains sur un pied d’égalité et celle des Etats qui ont davantage cherché à réguler les échanges commerciaux possibles avec ces nouvelles régions. 500 ans plus tard, alors qu’on est devenus extrêmement puissants en s’appuyant sur les conquêtes et l’esclavage, on se retrouve avec des droits de l’homme et surtout un important droit commercial et un droit à la propriété. C’est un droit entièrement anthropocentré, qui démontre une volonté de maîtriser et de posséder le vivant.
La suite à lire sur Le journal de l’Environnement en ligne : http://www.journaldelenvironnement.net/article/il-faut-remodeler-le-droit-international-pour-preserver-le-vivant,91822
This entry was posted in Droits de la nature, Ecocide, gouvernance, Peuples autochtones by admin with no comments yet