Tribune publiée dans Liberation le 5 juillet 2018
Ce mercredi 4 juillet, le Premier ministre Edouard Philippe, entouré de plusieurs ministres dont Nicolas Hulot, dévoilait le plan du gouvernement censé « sauver » la biodiversité, dans la grande galerie de l’évolution du Musée national d’histoire naturelle. Le choix du lieu et la composition du panel devaient incarner l’importance de l’engagement du gouvernement en la matière. Cette mise en scène prêterait à rire si l’heure n’était pas aussi grave. Oui Nicolas Hulot a raison lorsqu’il déclare: « La nature nous lance un SOS, un appel à l’aide. La biodiversité se meurt en silence » Et à première vue, c’est une bonne chose que le gouvernement s’empare du sujet. Mais lorsque l’on regarde concrètement la liste des 90 mesures envisagées, face à l’ampleur du massacre généralisé que l’on perpétue à l’heure actuelle sur le vivant, on se dit que toute cette communication politique autour d’un sujet aussi grave est parfaitement irresponsable, voire criminelle. Oui la biodiversité est en train de mourir, mais d’abord pas en silence pour qui sait écouter. Beaucoup de chercheurs, de scientifiques, d’écologistes, d’acteurs de terrain comme récemment les apiculteurs, ne cessent de nous alerter depuis des années sur l’effondrement du vivant qui est en cours. Les dernières évaluations de l’IPBES (le GIEC de la biodiversité) publiées en mars dernier étaient on ne peut plus claires: la biodiversité s’effondre partout et à une vitesse alarmante. En Europe, 71% des populations de poissons et 42% des espèces animales et végétales terrestres ont diminué en dix ans, tandis que 25% des terres agricoles sont touchées par l’érosion. Ce n’est guère mieux, voire pire partout ailleurs sur la planète. Or l’effondrement de la biodiversité n’est pas un simple problème écologique de plus auquel se confronte l’humanité. Derrière le mot « biodiversité », c’est l’ensemble du vivant qui est en train de mourir, donc les êtres humains, ce qu’il semble nécessaire de rappeler encore une fois. Oui parce que nous sommes partie intégrante de la nature, et croire que nous pourrions nous en sortir quand celle-ci disparaît est une totale supercherie, n’en déplaisent aux transhumanistes et autres scientistes persuadés que le génie de l’humanité la sauvera de tous les périls qu’elle crée elle-même. Donc pour tenter de « sauver la biodiversité », il faut commencer par changer de paradigme afin d’en finir avec l’anthropocentrisme. L’espèce humaine n’est pas à part dans le règne animal, si ce n’est son haut degré de conscience vis-à-vis d’elle-même et des autres espèces. Elle est un chaînon du vivant, et quand ce chaînon est en train de se briser, comme actuellement, c’est de son devoir de tout faire pour tenter de le réparer, surtout quand elle en porte la responsabilité. Ainsi sauver la biodiversité n’est pas un sujet politique parmi d’autres, c’est le sujet absolu qui conditionne tous les autres. L’avenir de la SNCF, les retraites, le chômage, les conditions de travail, la réforme du Parlement, toutes ces questions n’ont plus aucune raison d’être quand c’est la possibilité même de vie sur Terre qui est en péril. Ensuite, pour tenter de « sauver la biodiversité », il faut cesser de massacrer les animaux non humains: 60 milliards d’animaux terrestres et 1000 milliards d’animaux marins tués chaque année pour assouvir notre besoin morbide de chair animale, alors que nous pouvons parfaitement nous en passer. Et tous ces êtres vivants ne meurent pas en silence. Ils hurlent par millions du tréfonds des abattoirs vers nos oreilles qui refusent encore de les entendre, les yeux rivés égoïstement sur nos assiettes. De plus en plus de gens, prenant conscience de cette situation totalement injustifiable, arrêtent de manger de la viande. C’est sans doute un des, voire le sujet politique majeur de cette première moitié du 21e siècle, la fin de la viande. Or de ceci, rien bien entendu dans le plan biodiversité du gouvernement. Pour sauver la biodiversité enfin, il faut tout de suite donner de nouveaux droits à la nature. Compenser l’artificialisation des sols en désartificialisant des surfaces équivalentes par exemple, comme le propose le gouvernement, est totalement insuffisant. C’est de l’écologie molle, totalement superficielle, basée sur une vision uniquement utilitaire de la nature, vision qui nous a mené à la catastrophe actuelle. Le vivant n’est pas interchangeable, il a une valeur en soi. Viendrait-il à quelqu’un l’idée de proposer par exemple à des parents en deuil venant de perdre leur enfant de le remplacer par un autre? Donner de nouveaux droits à la nature, c’est par exemple voter des lois protégeant les sols face aux grands projets inutiles et imposés, comme le projet fou EuropaCity aux portes de Paris, qui viendrait massacrer les dernières terres agricoles d’Ile de France au nom du business (projet soutenu par le gouvernement). C’est faire reconnaître le crime d’écocide, pour que toutes celles et ceux, personnes physiques ou morales, qui détruisent la nature de par leurs activités, puissent être poursuivis comme des criminels.
L’heure est bien trop grave pour ne prendre que des demi-mesures et se contenter de faire de la communication autour d’un énième plan biodiversité. Ce n’est pas de plan dont nous avons besoin, mais d’une vision, d’une révolution copernicienne dans notre rapport au vivant, pour non seulement arrêter de le massacrer, mais commencer enfin à le respecter en lui donnant une valeur intrinsèque.
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Trois pétitions sont à signer d’urgence:
Pour demander à l’ONU l’adoption d’une Déclaration universelle des Droits de la Nature:
http://petition.rightsofmotherearth.com/
Pour faire reconnaître le crime d’écocide : https://www.endecocide.org/fr/sign/
Pour une Constitution française écologique : https://www.notreconstitutionecologique.org/
by admin with no comments yetL’Invité des Matins d’été par Olivia Gesbert – Avec Cyril Dion et Valérie Cabanes
le 5 juillet 2018
“Il est grand temps de passer d’une société orientée vers les choses à une société orientée sur les êtres.”
Ce sont les mots de Martin Luther King, prononcés le 4 avril 1967 devant l’église Riverside de New York, alors qu’il condamne fermement la guerre du Vietnam. Ces paroles font aujourd’hui office d’introduction pour le nouvel ouvrage de Cyril Dion. Après avoir réalisé le documentaire Demain, il publie son “Petit manuel de résistance contemporaine” aux éditions Actes Sud. Co-fondateur du mouvement Colibris, il estime que nous sommes face à un danger [environnemental] d’une ampleur comparable à celui d’une guerre mondiale”. Ne comptant pas sur “la bonne volonté des responsables politiques”, il croit au pouvoir des imaginaires et des grands récits pour “engager une véritable « révolution »”.
Comme lui, Valérie Cabanes, auteure de l’essai Homo natura : en harmonie avec la nature, déplore la mainmise des êtres humains sur la “Terre mère”. “Nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis et fermons les yeux” dénonce t-elle, souhaitant que le crime d’écocide soit reconnu au niveau international. Est-il trop tard pour mettre en place un plan biodiversité ?
Petit manuel de résistance contemporaine, récits et stratégies pour transformer le monde Cyril Dion Actes Sud, 2018
Homo natura, En harmonie avec le vivant Valérie Cabanes Buchet Chastel, 2018
Circuits courts, une émission engagée, animée par Anne Le Gall et Maxime Switek.
Circuits Courts passe le bac philo : « Faut-il donner des droits à la nature et aux animaux ? »
· Grand Témoin 1 : Valérie Cabanes, juriste en droit international, auteure de « Un nouveau droit pour la Terre » (Seuil) et « Homo natura. En harmonie avec le vivant » (Buchet-Chastel)
· Grand Témoin 2 : Corine Pelluchon, philosophe, professeure à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée. Auteure de « Manifeste animaliste. Politiser la cause animale » (Alma Editeur) et « Ethique de la considération » (Seuil)
· Le Coup de Fil à Pascale Amadou-Romanin, coordinatrice du groupe de citoyens « Gien, sauvons les platanes »
· Reportage : cours sur le droit animalier à la faculté de Brest / François Coulon, correspondant à Nantes
· L’initiative de Cyrielle Hariel : la Norvège, pays en avance sur la cause animale
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CO2 mon amour, l’émission qui rapproche les hommes en nous rapprochant de la nature…
Par Denis Cheissoux
Au menu :
Intervention à télécharger/écouter via player
Emission complète en replay:
by admin with no comments yetÉco-dialogue : « Retrouver une relation pacifiée avec la nature » avec Valérie Cabanes
Valérie Cabanes est juriste et essayiste.
Plaidant – en autres engagements ! – pour la reconnaissance des droits de la nature et du crime d’écocide, elle nous invite dans son dernier livre, Homo Natura, à repenser notre relation avec la Nature, nous les homo si peu sapiens …
Rencontre avec une femme engagée :
« Mes voyages dans plus de 40 pays et mes recherches m’ont convaincue que la guerre et la pauvreté sont intimement liées à la sur-exploitation des ressources terrestres et à un partage inéquitable de celles-ci. J’ai aussi pu constater que les modes de vie des peuples autochtones sont les plus à même de préserver le système Terre; ils savent exploiter ses ressources sans jamais l’épuiser car ils se reconnaissent eux-mêmes comme un simple maillon de la chaîne de vie. »
Conversations sur les droits de la nature en ligne et gratuit !.
Le 12 juillet prochain, ce prochain séminaire en français qui traitera des Droits de la Nature comme concept juridique et comme vision pour protéger tous les êtres vivants sur cette Terre, et transformer le système global actuel. Afin d’y participer, entrez le lien ci-dessous pour vous inscrire. Suite à votre inscription, vous recevrez les informations sur la façon de rejoindre le séminaire via un lien Zoom.
Lien de l’inscription ICI: https://goo.gl/qRRr99
Pour retrouver notre programme en ligne: http://therightsofnature.org/webinar/
Si vous avez besoin de savoir à quelle heure les séminaires se tiendront dans votre fuseau horaire, voici un outil utile que vous pouvez utiliser: https://www.timeanddate.com
Nous espérons que vous pourrez vous joindre à nous
Le 5 juin 2018 – Hôtel de Ville de Metz
Echanges croisés avec Ernst Zürcher, ingénieur forestier, professeur spécialiste de la structure temporelle des arbres, intervenant du film « l’intelligence des arbres » et auteur du livre « Les arbres, entre visible et invisible » chez Acte Sud. Conférence proposée par l’institut européen d’écologie, en partenariat avec « la voix de l’Arbre » et le collectif « Foret du Val de Metz »
Extrait d’un article de Claire Chartier, publié le
dans L’Express
« L’âme du monde »
On sent, dans ce juste retour des choses, un besoin de continuité et d’unité, la nostalgie d’une vision cosmologique des temps anciens, où palpitait en chaque élément « l’âme du monde » aristotélicienne. Une vision à l’unisson des spiritualités orientales, dont la vogue persistante illustre la soif d’harmonie de notre époque blessée. Même les plantes nous « parlent », désormais. Il faudrait être aveugle ou méditant du désert pour ne pas avoir avisé en librairie la moisson d’ouvrages vantant les bains de forêts et autres célébrations végétales. Ce n’est plus un phénomène d’édition, c’est une marée verte. Dans son livre L’intelligence des plantes (Albin Michel), le chercheur italien Stefano Mancuso insiste sur notre dépendance envers les végétaux, sans lesquels nous ne pourrions pas survivre au-delà de quelques mois.
De là découlent de nouvelles revendications, qui secouent un peu plus l’outrecuidant primate sur son piédestal. « Le droit de la nature à maintenir la vie sur terre est un préalable à celui de l’humanité si elle veut perdurer », écrit ainsi la juriste Valérie Cabanes (Homo natura, Buchet-Chastel). Pour que la nature voie ses intérêts – croître dans de bonnes conditions, être préservée – dûment protégés, il faut que des poursuites puissent être engagées, au nom des plantes, des cours d’eau, du ciel…
L’Equateur, la Bolivie ou le Mexique ont déjà inscrit les droits de la nature dans leur Constitution. En Inde du Nord, le Gange, les ruisseaux, lacs, forêts et vallées de l’Etat d’Uttarakhand sont reconnus comme des personnes. « La Haute Cour de l’Etat a expliqué dans sa décision que porter atteinte aux droits de ces écosystèmes serait dorénavant perçu comme un préjudice aussi grave que l’atteinte aux droits des personnes humaines, et serait donc jugé de manière équivalente », précise Valérie Cabanes.
Quand bien même l’anthropocentrisme serait en passe de devenir chez nous une maladie honteuse, un tel jugement fait tiquer. Il y a pourtant un peu de cette philosophie-là dans le mouvement antispéciste, lorsqu’il revendique des droits pour nos amies les bêtes « non-humaines ». Et, à bien y songer, cette exigence est encore de l’humanisme. Non plus tel que Jean-Paul Sartre l’entendait – « une théorie qui prend l’homme comme fin et comme valeur supérieure » – mais comme le concevait l’ethnologue Claude Lévi-Strauss : « Un humanisme bien ordonné (…) place le monde avant la vie, la vie avant l’homme, le respect des autres êtres avant l’amour-propre. »
Lire l’article complet ici : https://www.lexpress.fr/culture/espece-menacees-et-l-homme-dans-tout-ca_2018496.html
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Les arbres sont à la mode, un coup d’oeil en librairie suffit à le prouver. Mais au-delà d’une tendance, pourquoi fascinent-ils les sociétés post-industrielles ? Que nous apprennent les dernières découvertes scientifiques de leurs prodiges ? Ce hors-série cherche à comprendre ce regain d’intérêt après plusieurs décennies marquées par les coupes et la déforestation partout dans le monde. Des spécialistes, mais aussi des acteurs de terrain, expliquent pourquoi les arbres sont indispensables à la vie sur terre. Ils indiquent des pistes pour protéger ces lanceurs d’alerte ; nos meilleurs alliés pour préserver la santé de la planète et sa beauté.
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