Contribution au numéro 50 du magazine L’Ecologiste : « Quels droits pour la nature »
Thème du dossier : les relations homme-animal.
Que savons-nous aujourd’hui de l’animal ? Quelle est son histoire et la nôtre ? Un extraordinaire tour d’horizon de la biologie à la philosophie. Paru le 7 octobre 2017.
Extrait de l’article « Quels droits pour la nature »:
Lors de la conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre-mère qui s’est tenue à Cochabamba en Bolivie en 2010, une Déclaration universelle des droits de la Terre fut rédigée et proposée aux Nations Unies pour affirmer la nécessité de protéger la nature pour sa valeur intrinsèque, celle qui permet à la vie de se maintenir.
Cette prise de conscience a émergé dans des pays d’Amérique du Sud sous l’influence des modes de vie et de pensée de ses populations autochtones. Elle a permis progressivement l’adoption de lois nationales ou locales sur tout le continent américain. C’est le cas en Équateur depuis 2008, en Bolivie depuis 2009, au Mexique depuis 2017, mais aussi aux États‐Unis où une trentaine de municipalités ont voté des lois octroyant aux communautés naturelles et aux écosystèmes une personnalité juridique et à la population le droit de les défendre en justice. Certaines cours de justice ont parfois reconnu comme entités vivantes des écosystèmes en péril, comme la grande barrière de corail au Belize en 2010 ou le fleuve Atrato en Colombie en 2017.
L’année 2017 fut le théâtre de décisions spectaculaires permettant une montée en puissance au niveau international des droits de la nature. Le 15 mars 2017, le Parlement néo‐zélandais a entériné des accords passés en 2012 et 2014, entre la communauté maori iwi Whanganui et le gouvernement, qui reconnaît la rivière Whanganui et le parc national te Urewera comme des entités vivantes et leur octroie des droits et des devoirs. Ce peuple maori considère que la rivière et la forêt sont leurs ancêtres et qu’ils ont le devoir et le privilège d’en prendre soin en les traitant comme des membres de leur famille. Un représentant de l’État et le peuple iwi Whanganui ont été nommés dépositaires des droits de ces écosystèmes après 150 ans de négociation. Comprenant que l’État n’accepterait pas de leur céder ses droits territoriaux, les Iwi ont proposé que personne, ni eux ni l’État, ne soit propriétaire de la rivière ni du parc et et que ces derniers puissent être reconnus comme des entités vivantes, ce qui fut accepté. La gouvernance de l’eau et du parc sera ainsi partagée et devra garantir la protection des droits de la rivière et des forêts. Quand quelqu’un voudra « utiliser » l’eau, le sol ou les arbres, il devra désormais tenir compte des besoins de toute autre personne et en premier lieu des besoins des écosystèmes.
Quelques jours plus tard, c’est la Haute Cour de l’État d’Uttarakhand, en Inde du Nord, qui a reconnu comme des personnes tous les écosystèmes himalayens sur son territoire : le Gange mais aussi son affluent la rivière Yamuna, les glaciers Gangotri et Yamunotri, les rivières, les ruisseaux, les lacs, l’air, les prairies, les vallées, les jungles, les forêts, les sources et les cascades. (…) lire la suite sur http://www.ecologiste.org/index.html
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