Nous ne savons plus vivre en harmonie avec la nature, mais l’humanité ne pourra survivre isolée du reste du vivant. Pour retrouver le chemin d’une cohabitation harmonieuse avec les arbres, les plantes et les animaux mais aussi entre nous, nous devons réapprendre, à l’image des peuples premiers, notre rôle de gardiens. Cette démarche impose enfin de reconnaître que la nature a le droit d’exister et de se régénérer. C’est ainsi que nous pourrons garantir aux générations futures le droit à vivre dans un environnement sain et pérenne.
L’émission complète en replay:
Valérie Cabanes est juriste en Droit International spécialisée dans les Droits de l’Homme, porte-parole du mouvement citoyen « End Ecocide on Earth ». Elle est aussi présidente d’honneur de Notre Affaire à Tous, à l’initiative de l’Affaire du siècle.
Prochaines conférences auxquelles je participe en octobre 2019 ( Quimperlé, Rabat, Casablanca)
50 ans d’Eau et Rivières de BretagneQuels droits pour l’Eau ?
Quimperlé le 27 octobre à 14h
Pour la première fois en France, deux représentants néo-zélandais, viendront parler de leur bataille pour la reconnaissance juridique de leur fleuve sacré. Depuis 2017, le Whanganui est une entité vivante sujet de droit.
Cette législation est une reconnaissance de la connexion profondément spirituelle entre l’iwi [la tribu] Whanganui et son fleuve ancestral. Nancy Tuaine et Jacob Robinson viendront nous livrer leur expérience et nous donner à réfléchir.
Quatre autres conférenciers participeront à la conférence et aux échanges avec la salle :
💦 Riccardo Petrella est politologue et économiste italien, secrétaire général du Comité international pour un contrat mondial de l’eau.
🌳 Valérie Cabanes est juriste en droit international spécialisée dans les droits de l’homme, écologiste et essayiste.
🐝Fabrice Nicolino est journaliste à Charlie Hebdo et écrivain. Il est à l’initiative du mouvement « Nous voulons des coquelicots ».
🐟 Jean-Claude Pierre est écrivain militant, fondateur d’Eau et Rivières de Bretagne et de Nature et Culture.
Nuit des philosophes 2019 – « La terre en partage et partager la terre » 8 novembre Rabat – Université des sciences 9 novembre 22h Casablanca – Institut Français
Conférence France Inter : Demain, notre planète : changer
Jeudi 21 novembre 2019 de 20h à 22h
Conférence animée par Mathieu Vidard en direct du studio 104 de la Maison de la Radio et dans 150 salles de cinéma
France Inter vous propose une première conférence le 21 novembre 2019 autour du thème Changer.Animée par Mathieu Vidard, producteur de La Terre au carré, nous tenterons de répondre aux questions que l’on se pose : Comment se mettre en mouvement pour engager une transition durable ? Comment changer nos modes de vie et rêver le monde de demain ? Épuisement des ressources. Dérèglement climatique. Effondrement de la biodiversité. De la prise de conscience à l’engagement…Deux heures pour faire le tour des avancées écologiques avec des experts et spécialistes du secteur :
Hubert Reeves : Astrophysicien, écologiste, président d’honneur de l’association Humanité et Biodiversité et de l’Agence française pour la biodiversité
Aurélien Barrau : Astrophysicien, lanceur d’alerte, auteur de Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité (Ed. Michel Lafon)
Cynthia Fleury : Philosophe et psychanalyste, elle a dirigé l’ouvrage _Le souci de la nature. Apprendre, inventer, gouverner (_Ed. du CNRS)
Valérie Cabanes : Juriste en Droit International spécialisée dans les Droits de l’Homme, porte-parole du mouvement citoyen « End Ecocide on Earth », auteure de Homo natura, En harmonie avec le vivant (Ed. Buchet Chastel)
► La conférence sera diffusée en direct dans les salles de cinéma partenaires et depuis le studio 104 de la Maison de la Radio :retrouvez la liste des cinémas ici
La Voix est libre avec Valérie Cabanes, juriste en droit international, spécialiste des droits de l’homme et du droit humanitaire, elle porte le projet de reconnaissance par la justice de l’écocide comme un crime contre la paix et les générations futures, au nom de la terre et du vivant.
« Quand le politique n’est plus à même de protéger la planète, il faut se tourner vers les juges ».
Co-fondatrice de l’ONG Notre affaire à tous qui attaque l’État français en justice pour inaction climatique, Valérie Cabanes nous éclaire sur le rôle potentiel d’un juriste dans le cadre de la transition écologique.
La juriste Valérie Cabanes, spécialisée dans les droits de l’homme et le droit humanitaire, combat pour faire reconnaître l’écocide, ou crime contre l’environnement.
Propos recueillis par Frédéric JoignotPublié le 04 janvier 2019 à 13h00 – Mis à jour le 05 janvier 2019 à 16h02
Extrait:
Vous demandez qu’on accorde un statut de personnalité juridique à des entités naturelles. Pourquoi ?
Aujourd’hui, le droit manque d’une vision écosystémique et il ne reconnaît les préjudices écologiques – quand il les reconnaît – qu’après le désastre. Il nous faut absolument adopter une posture préventive. Or, c’est ce que permet l’attribution d’une personnalité juridique à la nature. Celle-ci peut alors défendre son droit « fondamental » – donc non conditionné à des devoirs – à exister, se régénérer et s’épanouir, indépendamment des services qu’elle rend ou pas aux humains. Ce qui, au final, permet aux espèces et écosystèmes vivants de jouer leur rôle dans le maintien de la vie sur Terre.
Certains pays ont-ils commencé à faire évoluer leur droit dans ce sens ?
En Nouvelle-Zélande, l’accord trouvé à propos du statut de la rivière Whanganui entre la tribu maorie locale et le gouvernement a permis de reconnaître l’unité indivisible du fleuve et son statut d’être vivant (appelé « Te Awa Tupua »), en englobant tous ses éléments physiques et métaphysiques depuis les montagnes jusqu’à la mer. Mais aussi de lui attribuer une personnalité juridique. Il faut retenir de cette jurisprudence la volonté affichée, par des populations autochtones ou par des juges soucieux de l’avenir des générations présentes et futures, de mieux préserver l’environnement en reconnaissant la nature comme sujet de droit. Car aucun des droits fondamentaux de l’homme ne pourra être garanti si les écosystèmes dont nous dépendons ne sont pas protégés pour leur valeur intrinsèque.
Trois associations s’associent à l’initiative de Notre Affaire à Tous que j’ai co-fondée en 2015 avec Marie Toussaint : la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France , au nom de l’intérêt général, pou attaquer l’État français en justice afin qu’il respecte ses engagements climatiques et protège nos vies, nos territoires et nos droits.
Les changements climatiques sont là : ils affectent déjà nos vies et n’épargnent personne. Nous assistons à la montée des eaux, à la fonte des glaces, à la multiplication des évènements météorologiques extrêmes, tandis que les espèces animales et végétales disparaissent inexorablement. Les sécheresses et inondations sont de plus en plus dévastatrices. Nos exploitations agricoles sont en danger. L’air que nous respirons est pollué. Le prix de nos factures énergétiques explose. Partout, dans les pays du Sud comme dans les pays du Nord, les populations vulnérables sont les plus exposées.
Obnubilés par les enjeux du court terme, les Etats et les acteurs économiques restent sourds aux innombrables cris d’alarme des plus fragiles, des scientifiques, des associations. Alors que les investissements nécessaires pour remédier à la catastrophe devraient être financés majoritairement par les plus aisés, les classes moyennes et les plus démunis y contribuent aujourd’hui de manière indifférenciée. La lutte contre les changements climatiques ne doit pas se faire au détriment des plus fragiles.
La France a pris un retard conséquent. D’aveu public, elle n’atteint pas ses objectifs sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les inégalités face au changement climatique s’aggravent.
L’État a l’obligation d’agir.
Il doit prendre les mesures politiques qui s’imposent, tout en garantissant la justice sociale. Il doit réduire notre dépendance au pétrole et nous fournir des alternatives en matière de transport. Il doit, investir dans la rénovation des logements et promouvoir l’usage des énergies renouvelables, en abandonnant le recours aux énergies fossiles et nucléaire. Il doit instaurer l’accès de tous à une alimentation suffisante et de qualité, garantir un revenu décent pour les agriculteurs et lutter contre la déforestation. Il doit aussi mettre en place les dispositifs indispensables à l’adaptation de nos territoires et à la protection de nos côtes. Toutes ces mesures auront un impact positif sur nos vies. Pourtant, ce qui est sur la table aujourd’hui est largement insuffisant.
La justice est un véritable levier. Elle peut enfin contraindre à l’action.
Partout dans le monde, des citoyennes et citoyens saisissent la justice pour que leurs droits fondamentaux soient garantis face aux changements climatiques. Et ça marche ! Aux Pays-Bas, la justice a ordonné au gouvernement néerlandais de revoir à la hausse ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En Colombie, 25 jeunes ont fait reconnaître par la Cour suprême la nécessité d’agir contre la déforestation et pour la protection du climat. Au Pakistan, un fils d’agriculteurs a demandé aux juges de contraindre son État à adopter une législation climatique capable de protéger l’exploitation de ses parents, et leur droit à l’alimentation.
Nous aussi, nous pouvons gagner. Nous pouvons changer les choses, si nous sommes ensemble ! Alors agissons pour la justice sociale et climatique, saisissons la justice pour que la France respecte enfin ses engagements sur le climat.
Ensemble, portons et remportons ce qui est déjà, partout dans le monde, et aujourd’hui en France, l’Affaire du Siècle. Signez !
« Au début était l’Océan … »
Pour la plupart des insulaires du Pacifique, l’océan Pacifique est plus qu’une réserve d’eau ou de nourriture. Il fait partie de leur vie, de leur famille, de leur sang. La terre, la mer et les hommes forment un tout. L’océan a son mana (autorité spirituelle) et mauri (force vitale).
Reconnaître l’océan Pacifique en tant que personne morale s’inscrit dans la culture des îles du Pacifique.
Reconnaître le droit à la nature en tant que personne est non seulement une possibilité légale de nos jours, mais constitue probablement la meilleure étape suivante dans les politiques de protection de l’environnement.
Je m’engage ainsi à collaborer avec l’IRD, Conservation International, le SPRE et d’autres à rédiger d’ici à 2020 une convention sur les droits de l’océan Pacifique ouverte à la signature de tous les pays. Le secrétariat de cette convention serait le parens patriae de l’océan Pacifique, son gardien et son porte-parole sur la scène juridique et politique.
Nous avons l’intention de travailler dans une approche pacifique et constructive avec les gouvernements nationaux, les organisations intergouvernementales, les citoyens, les parties prenantes du secteur privé, etc. sans aucune discrimination.
En cas de succès, cet engagement pourrait être reproduit pour d’autres océans et éléments de la nature.
Notre premier atelier de travail s’est tenu à Auckland les 19 et 20 novembre. Y ont aussi participé des représentants des Petits États et Territoires Insulaires (PETI) du Pacifique ainsi que des personnes ayant contribué à la reconnaissance du fleuve Whanganui en Nouvelle-Zélande comme personnalité juridique.
Cette initiative volontaire a été présentée au Sommet de l’Océan à l’ONU en 2017 par l’IRD:
Lors du Festival Taragalte 2018, une discussion s’est engagée avec les associations locales sur M’Hamid autour de la problématique de l’Eau et de la résilience des territoires.
La région subit de plein fouet le réchauffement climatique avec une avancée du désert qui submerge les villages et une raréfaction de l’eau dans les palmeraies qui pousse les habitants à l’exode. La gestion traditionnelle de l’eau est de plus mise à mal par une main-mise de sa gestion par l’Etat : barrage de Ouarzazate qui empêche à l’eau de l’Atlas de couler jusqu’au désert, canaux d’irrigation qui ne profitent pas à tous, exploitations industrielles autour de Zagora qui assèchent les nappes phréatiques et les puits.
Un projet de Tribunal citoyen pour la reconnaissance des droits des Oasis a émergé afin d’alerter et de susciter une prise de conscience de la nécessité de reconnaitre aux écosystèmes et aux habitants du désert leur droit à exister. A suivre en 2019.
Thierry Spas, Lahcen Kaibiri, Valérie Cabanes et Amine Belemlih